Présentation de l'éditeur :
LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR :
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme
(maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'imorte où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.
Ma lecture :
Ces droits imprescriptibles du lecteur devraient figurer au frontispice de chaque classe de français ... ou tout du moins, dans un petit coin de la conscience des professeurs ! Lectrice enthousiaste dès ma plus tendre enfance, l'école a réussi ce tour de force de m'éloigner des livres sous la profusion des injonctions : lisez ceci, lisez cela, pour la semaine prochaine, pour dans deux semaines ... Bien sûr que je les ai lus ces livres (quoique certains ont dû être tronqués de quelques passages), mais je n'en garde aucun souvenir ! Seule l'Ecume des Jours de Boris Vian a laissé quelques traces dans ma mémoire (merci à la prof de français qui a su attirer mon attention par quelques moments de lecture bien choisis). Ainsi que Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway dont mon maître de CM nous faisait la lecture jour après jour.
C'est finalement de tout cela dont il est question dans ce livre : du goût pour la lecture qui s'émousse avec la sommation. Mes études à l'université m'ont passionnée, mais ce n'est qu'une fois celles-ci terminées que je me suis mise à lire et à regretter de n'avoir pas saisi l'opportunité de lire plus durant ces années.
Et tous ces livres qu'on ne se donne pas le droit de lire parce que trop compliqués, ou trop long, pour nous : et si on s'y mettait quand même, quitte à en amputer quelques passages ?! On y reviendra peut-être par la suite pour lire l'ouvrage dans tous ses détails.
Surtout, j'ai lu ce livre en tant que mère, qui fera bientôt la lecture à sa fille (et qui lui lit d'ailleurs déjà les Chantefables et Chantefleurs de Robert Desnos). Ce livre trouvera sa place dans sa bibliothèque à elle : et ce pour que je n'oublie jamais, quand nous regarderons les livres ensemble, que j'ai le devoir de la faire rêver en lui lisant, à haute voix, des histoires. Et ce, quelque soit son âge ! Qui n'aime pas qu'on lui raconte des histoires ?
J'ai le souvenir de soirées d'hiver dans le massif central, autour de la cheminée, seul moyen de chauffage de cette vieille maison qui nous accueillait le temps de nos vacances au ski, où, assis sur les genoux de nos parents, nous écoutions les histoires qu'ils nous lisaient. Quel plaisir !!! Et ce plaisir, j'aimerai que dans une trentaine d'années ma fille s'en souvienne encore et se fasse la promesse de le partager avec ses enfants.
Bref, la lecture c'est le plaisir. Et si les professeurs doivent s'en tenir malgré tout au programme, aux notes et autres évaluations, qu'ils s'attachent néanmoins à faire sentir à leurs élèves le plaisir qu'ils ressentent en découvrant une nouvelle histoire. Et que chaque parent ai bien conscience d'être aussi un vecteur de ce plaisir.
"Comme un roman", un livre plaisir qui nous donne envie de redécouvrir beaucoup des livres qui prennent la poussière dans le fond de nos étagères ...
J'aimerai avoir le sentiment des profs sur ce qui semble finalement être une "recette" pleine de bon sens pour faire goûter les joies de la lecture aux jeunes étudiants ... Mais est-ce si simple que cela ? ...
Extraits :
Qu'il difficile parfois de choisir des passages que l'on a aimé quand tout le livre en recèle ! J'en avais marqué 8 principaux, je vous en livre 4 :
" Bref, un beau matin, ou un après-midi, les oreilles bourdonnant encore du tumulte de la cantine, il assiste à l'éclosion silencieuse de mot sur la feuille blanche, là, devant lui : maman. Il l'avait déjà vu, au tableau, bien sûr, reconnu plusieurs fois, mais là, sous ses yeux, écrit de ses propres doigts ... D'une voix d'abord incertaine, il ânonne les deux syllabes, séparément : "Ma-man". Et, tout à coup : maman ! Ce cri de joie célèbre l'aboutissement du plus gigantesque voyage intellectuel qui se puisse concevoir, une sorte de premier pas sur la lune, le passage de l'arbitraire graphique le plus total à la signification la plus chargée d'émotion ! Des petits ponts, des boucles, des ronds ... et ... maman ! " (Comme un roman, Daniel Pennac, Ed. Gallimard 1992, coll. Folio, page 46).
" Je répète ma question : qu'est-ce qui est arrivé à ce prince quand son père l'a chassé du château ? Nous insistons, nous insistons. Bon dieu, il n'est pas pensable que ce gosse n'ait pas compris le contenu de ces quinze lignes ! Ce n'est tout de même pas la mer à boire, quinze lignes !!! Nous étions son conteur, nous sommes devenu son comptable. Puisque c'est comme ça, pas de télévision tout à l'heure ! Eh ! oui ... Oui ... La télévision élevée à la dignité de récompense ... et, par corollaire, lecture ravalée au rang de corvée ... c'est de nous, cette trouvaille ..." (Comme un roman, Daniel Pennac, Ed. Gallimard 1992, coll. Folio, page 58).
" Plutôt que de laisser l'intelligence du texte parler par notre bouche, nous nous en remettons à notre propre intelligence, et parlons du texte. Nous ne sommes pas les émissaires du livre mais les gardiens assermentés d'un temple dont nous vantons les merveilles avec des mots qui en ferment les portes : Il faut lire ! Il faut lire ! " (Comme un roman, Daniel Pennac, Ed. Gallimard 1992, coll. Folio, page 105).
" Une seule condition à cette réconciliation avec la lecture : ne rien demander en échange. Absolument rien. " (Comme un roman, Daniel Pennac, Ed. Gallimard 1992, coll. Folio, page 140).
Et beaucoup d'autres mais je ne vais tout de même pas recopier le livre !!!
Bonne lecture
**********
Lecture à inscrire au défi littéraire d'Argali.