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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 22:00

 

 

514NXEDEJCL. SL500 AA300Présentation de l'éditeur :

 

"Nul doute que Wilkie Collins n’ait donné avec Sans nom (1862) l’un de ses plus intraitables chefs-d’oeuvre : celui en tout cas qui privera le mieux de sommeil le lecteur assez téméraire pour s’y plonger, pour s’y perdre. De tous ses romans, celui que préférait Dickens… et celui dont se sera peut-être le plus directement inspiré Charles Palliser pour ourdir la trame diabolique de son Quinconce.- C’est aussi le plus noir : portrait et itinéraire d’une femme dépossédée de toutes ses espérances (et même de son identité) à la suite d’un complot fomenté par des gens du meilleur monde. Elle se battra, se salira les mains, fera le terrible apprentissage de la liberté… et nous tiendra en haleine huit cents pages durant au fil d’une intrigue qui ne nous épargne rien. Prétexte, pour l’auteur, à décorseter la bonne société victorienne avec un sadisme tout hitchcockien."

 

 

 

Ma lecture :        coupdecoeur.jpg

 

Lorsque je me suis engagée dans cette lecture commune proposée par Bibliofolie, je ne pensais pas en venir à bout. En tout cas pas si facilement. Les 829 pages d'une écriture dense et d'une prose des plus classiques, se sont pourtant succédées avec une fluidité stupéfiante. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de lire un texte d'une si grande qualité ! C'est là que l'on réalise vraiment l'écart avec un  Mazetti ou un  Foenkinos ! Je n'ai rien contre eux et j'ai pu prendre plaisir à lire ce type de littérature, mais il faut la remettre à sa place parfois. Et ce "Sans nom" de W. Wilkie Collins est une magistrale leçon !

 

L'auteur tout d'abord, dont j'avoue n'avoir jamais entendu parler auparavant. Et pourtant ...

William Wilkie Collins (8 janvier 1824 - 23 septembre 1889) est un écrivain britannique de l'époque victorienne, contemporain et ami de Charles Dickens. Il était grandement populaire à son époque et écrivit 27 romans, plus de 50 nouvelles, au moins 15 pièces de théâtres et plus de 100 essais. Ses écrits étaient qualifiés à l’époque de «romans à sensation», un genre précurseur du romand policier et du roman à suspens. Il écrivit aussi avec perspicacité une critique sociale et conjugale des femmes de cette époque (cf notice de  Wikipédia).

 

Ce livre ensuite est un véritable chef-d'oeuvre du genre. Dès les premières pages, on se laisse happer par ce sens de la description, ce goût du détail. L'histoire avance doucement mais inscrit sa marque profondément comme la charrue trace son sillon. Chaque mot a sa raison d'être. Chacun d'entre eux participe à la matérialisation d'une atmosphère, d'un environnement et de caractères. L'auteur nous fait pénétrer au coeur de cette propriété de Combe-Raven comme on entre dans un théâtre. Les personnages nous sont présentés avec précision au fur et à mesure qu'ils descendent les marches de l'escalier venant des chambres, dans l'ordre de leur réveil. Ils nous sont décrits avec une précision toute chirurgicale. Leur physique, leurs pensées, leurs états d'âmes, rien ne nous est caché. Et très vite, on s'y attache à ces personnages, à cette famille si sereine et heureuse. A tel point que lorsque prend fin la première partie du livre, on se prend à regretter de les abandonner si vite. Et l'on se demande ce que l'auteur va bien trouver d'intéressant à nous raconter pour nous faire accepter de quitter la quiétude de Combe-Raven. A cet instant, il nous reste 645 pages à découvrir.

 

Ce que W. Wilkie Collins se propose de nous raconter, c'est finalement la lutte entre deux femmes, un combat psychologique et une machination des plus tortueuses. Nous passons de l'une à l'autre en nous demandant continuellement comment tout cela pourra bien finir. On tremble pour Magdelen. On voudrait lui crier de ne point s'engager dans des voies si sinueuses et malsaines. Le suspens est à la hauteur des meilleurs thrillers. Impossible de poser le livre. Les chapitres se succèdent promptement. L'atmosphère et les personnages de "Sans nom" m'ont guère quitté au cours de ma lecture, et ils hantaient fréquemment mes rêves. Si l'auteur nous livre son histoire avec lenteur, il ne se perd pas pour autant dans des longueurs inutiles. Lorsque le lecteur en arrive à deviner la situation et ce qui pourrait subvenir, Wilkie Collins nous l'expose dans la page qui suit. Il n'y a pas de perte de temps et jamais je n'ai eu l'envie de sauter quelques pages. La lecture des descriptions, dont Wilkie Collins maîtrise parfaitement l'art, est un vrai plaisir.

 

Toutes ces descriptions, qui expliquent en grande partie le poids de ce livre (en nombre de pages), pourraient nous conduire à une indigestion. Et pourtant, la construction littéraire nous permet de relever le défi sans encombre. L'auteur introduit régulièrement, toutes les 100 pages environ, un moment de pose en changeant son mode narratif. Il nous fait partager les lettres que s'échangent les protagonistes. Ces intermèdes épistolaires nous permettent de souffler et d'enchaîner avec vivacité les quelques petits chapitres que forment ces courriers. Le lecteur retouve ainsi de l'énergie pour passer à l'étape suivante du récit. De plus, et c'est loin d'être un détail, Mr Collins est doué d'un humour certain. La pauvre Mrs Wragge m'a plus d'une fois fait sourire à ses dépends. Ceci ajoute bien entendu une satisfaction à la lecture.

 

L'auteur, enfin, nous fait partager sa connaissance de la bonne société britannique de l'époque victorienne et tout ce qu'elle peut contenir d'injustices et d'hypocrisie. J'ai véritablement adoré cette plongée dans un nouvel univers et je compte bien découvrir d'autres ouvrages de Mr Collins. Cette rencontre fut un vrai bonheur. J'ai été enchantée par cette découverte et je vous invite très chaleureusement vous plonger dans cet univers.

 

Un vrai coup de coeur en somme !

 

 

 

Extraits :

 

"Il n'était nullement affecté par la physionomie sévère et le langage acéré de Miss Garth. La proposition qu'elle lui adressait le soulageait, tout simplement ; il le laissait voir avec la plus engageante franchise. Cette fois, l'oeil vert prit l'initiative et incita l'oeil brun à exprimer, lui aussi, un retour de sérénité. Le coin des lèvres se retroussa de plus belle ; par un mouvement rapide, l'homme glissa son parapluie sous son bras et tira de son habit un gros portefeuille noir démodé. Il en sortit un crayon et une carte de visite, hésita, réfléchit un instant, puis traça rapidement quelques mots sur la carte qu'il remit aussitôt à Miss Garth, avec l'empressement le plus civil." (Sans nom - W. Wilkie Collins - Ed. Phébus - page 34)

 

"En apparence, mon système peut sembler compliqué ? poursuivit le capitaine. A tout prendre, pourtant, c'est la simplicité même. Je me borne à éviter les erreurs dans lesquelles tombent les praticiens vulgaires. Cela revient à dire que je ne plaide jamais pour moi-même et que je ne m'adresse jamais aux gens riches, deux fatales méprises, que commettent en permanence les praticiens de second ordre. Les gens modestes peuvent avoir parfois de généreuses impulsions en matière d'argent ; les gens riches jamais." (Sans nom - W. Wilkie Collins - Ed. Phébus - page 237)

 

"Accablée par ses efforts d'intelligence, Mrs Wragge ne poursuivait plus que dans ses rêves la confection de sa fameuse omelette. Sa tête penchait d'un côté, son corps de l'autre. Un doux ronflement lui échappait. De temps en temps une de ses mains, soulevée en l'air, agitait une poêle chimérique et retombait, avec un faible choc, sur le livre de cuisine étalé en son giron. Au bruit de la voix conjugale, elle se dressa debout en sursaut et, l'intelligence encore endormie mais les yeux tout grands ouverts, elle fit face au capitaine." (Sans nom - W. Wilkie Collins - Ed. Phébus - page 240-241)

 

"C'était une soirée monotone et sans air. La mer se taisait à l'est, majestueuse et grisâtre, dans un repos absolu. La ligne de l'horizon se noyait, invisible, dans les profondeurs brumeuses du ciel ; immobiles sur l'onde paresseuse, les nefs oisives prenaient je ne sais quels airs de fantômes ; au sud la haute muraille bordant la tranchée maritime, et la massive tour ronde perchée sur le monticule herbu, opposaient aux regards une barrière sombre et lui fermaient toute perspective. A l'ouest, une traînée rouge du soleil couchant faisait resplendir l'extrême limite des cieux, norcissait la silhouette des arbres qui frangeaient les marges lointaines du grand marécage intérieur et changeait ses petites flaques d'eau brillante en flaques de sang." (Sans nom - W. Wilkie Collins - Ed. Phébus - page 368-369)

 

Sans nom - W. Wilkie Collins - Phébus Editions, collection Libretto - 28 mai 1999 - ISBN 978-2859406257

 

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Lecture réalisée dans le cadre d'une lecture commune Bibliofolie.

 

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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 21:58

9782070364152FS.gif  Présentation de l'éditeur :

 

Assis sur une souche de chêne, l'un près de l'autre, ils s'adonnaient au plaisir de se donner des baisers, inlassablement, et leurs bras enlacés pressaient étroitement leurs bouches l'une contre l'autre. Et pendant qu'ils s'étreignaient ainsi, Daphnis attira la jeune fille un peu fort, si bien que Chloé se coucha un peu sur le côté ; et Daphnis se coucha le long d'elle, entraîné par leur baiser... Ne sachant rien au-delà, et pensant que c'était là le terme de la jouissance amoureuse, ils laissèrent passer ainsi en vain la plus grande partie de la journée, puis ils se séparèrent et ramenèrent leurs troupeaux, en maudissant la nuit.

 

 

Ma lecture :  

 

L'extrait présenté sur la quatrième de couverture et cité ci-dessus, permet de bien comprendre mon désappointement ... Quelle naïveté ! Quelle puérilité ! On a du mal à croire qu'une telle chose soit possible. La préface dit qu'il s'agit d'un roman qui "se concentre sur quelques personnages et une seule histoire, celle de la naissance de l'amour dans le coeur et le sang de deux êtres jeunes et beaux, délicieusement primitifs et simples, et naïvement possédés par leur désir". Primitif effectivement, mais j'ai du mal à voir ce que cela peut avoir de délicieux ... Simples ? certes ! Je dirais même simplets. Quant à tant de naïveté, cela en devient difficilement supportable. Même le jardin d'Eden d'Adam et Eve, je ne me l'imaginais pas ainsi ! Bref, l'histoire d'amour ne m'a pas conquise.

 

Heureusement, il n'y a pas que ça. Les descriptions de la nature y sont données avec beaucoup de sensibilité. On se sent un peu dans une tapisserie des XVIIème ou XVIIIème siècles au charme terriblement désuet. Ce roman de Longus, auteur du II ou IIIème siècle de notre ère, a d'ailleurs été source d'inspiration de nombreux artistes, au premier rang desquels Maurice Ravel et Claude Debussy. Mais beaucoup de peintres ou sculpteurs s'y sont également attachés :

 

daphnis-et-chloe-boucher.jpg

Daphnis et Chloé - François Boucher - XVIIIème siècle

 

Daphnis-et-Chloe-cortot-louvre2.jpgDaphnis et Chloé - Jean-Pierre Cortot

Commande de Charles X - 1825

Musée du Louvre

 

Heureusement aussi, cette histoire ne se résume pas à la relation amoureuse entre nos deux adolescents. Le roman donne une assez bonne vision de ce que devait être la vie au début de notre ère en Grèce. Nous rencontrons la Grèce des paysans, celle des esclaves et des riches propriétaires, nous cotoyons les dieux vénérés sous ces contrées et les moeurs des populations d'alors. C'est un roman riche qui vaut la peine que nous allions au-delà des premières pages (du premier livre en fait). Un roman duquel l'humour n'est pas absent non plus car à travers la tendresse de l'auteur pour ses héros, on devine aussi son sourire face à tant de candeur. 

 

Un roman plein de poésie et de candeur, de fraîcheur. A savourer en s'extrayant de notre culture contemporaine. 

 

Extraits :

 

"O, vous les plus impies, les plus sacrilèges de tous les hommes, quelle folie vous a pris, d'avoir une telle audace ? Vous avez mis partout la guerre dans une campagne qui m'est chère, vous avez enlevé des troupeaux de boeufs et de chèvres qui étaient sous ma protection ; vous avez aussi arraché aux autels une jeune vierge dont Amour veut faire l'héroïne d'une histoire celèbre ; vous n'avez pas rougi de faire tout cela sous les yeux des Nymphes et sous les miens, à moi, le dieu Pan." (Daphnis et Chloé - Longus - Folio classique - page 57)

 

" Il y avait des carrés de fleurs, les unes qui avaient poussé spontanément, les autres les produits de la culture : rosiers, hyacintes et lis étaient cultivés ; les violettes, les narcisses et les pimprenelles étaient produites spontanément par la terre. Il y avait là, en été, de l'ombre, au printemps, des fleurs, à l'automne, des fruits, et, en toute saison, c'était un endroit de délices.

De là, on découvrait la plaine, et l'on pouvait voir les bergers, on découvrait la mer, et l'on apercevait les bateaux qui passaient, si bien que cela aussi était l'un des charmes de ce jardin." (Daphnis et Chloé - Longus - Folio classique - page 87)

 

 

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Ce livre est à inscrire au challenge Petit Bac de Enna, rubrique Prénom.

59180916 p

 

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