Présentation de l'éditeur :
Mrs Clingsland découvre avec désolation un matin l'image que lui renvoie son miroir : celle d'une femme qui n'a plus vingt ans. Mrs Attlee, sa confidente, trouve un subterfuge pour la sortir de sa torpeur : elle lui transmet des messages d'amour d'outre-tombe du jeune Harry, noyé lors du naufrage du Titanic.
Spiritisme, apparition de fantômes, messages de l'au-delà... Edith Wharton révèle avec un humour piquant que les fantômes ne survivent que dans l'imagination de ceux qui les évoquent.
Ma lecture :
Le challenge initié par George m'a permis de découvrir cette auteure avec sa nouvelle intitulée Xingu. Ne connaissant pas cet écrivain, mon choix s'est porté sur des nouvelles plutôt que sur ces ouvrages majeurs. J'ai beaucoup apprécié Xingu. Mon avis est plus mitigé en ce qui concerne ces deux nouvelles, Le Miroir et Miss Mary Pask.
En lisant la quatrième de couverture, je pensais être conquise. Mais la première nouvelle, intitulée Le Miroir, m'a déçue. J'ai tout d'abord trouvé l'écriture très imprécise, au point d'en venir à me demander si ce n'était pas le résultat de la traduction ! Par ailleurs, les 50 pages de cette première nouvelle ne permettent pas à l'auteure de poser un cadre très précis ni de dresser un portrait vivant des personnages. Je ne suis pas vraiment entrée dans le texte et le côté surnaturel m'a totalement échappé.
La seconde nouvelle, Miss Mary Pask m'a beaucoup plus intéressée. Peut-être parce que l'histoire se déroule en Bretagne, du côté de Morgat et de la baie des Trépassés. Peut-être parce que l'histoire est plus consistante. Ou encore parce que le côté surnaturel y est plus sensible. L'écriture est également plus habile et l'atmosphère mieux décrite, malgré les quelques 30 pages que contient cette nouvelle. Edith Wharton s'attache ici à décrire le climat de ce coin de Bretagne au nom évocateur et elle le fait avec bonheur.
"Pendant longtemps, nous eûmes l'impression d'avancer en nous traînant à la faible lueur de notre unique lampe dans les ténèbres humides et impénétrables. Cependant, de temps à autre, le voile se levait ou ses plis s'écartaient. Alors notre pauvre lumière arrachait à la nuit un objet parfaitement ordinaire - une porte blanche, la tête d'une vache ébahie, un tas de pierres au bord de la route - que le fait d'être sorti de son cadre, d'apparaître de manière fantasque devant nos yeux et de disparaître brusquement rendait sinistre et irréel. Après chacune de ces manifestations, les ténèbres devenaient trois fois plus épaisses." (Le Miroir suivi de Miss Mary Pask - Edith Wharton ; Ed. Gallimard, coll.Folio 2€ ; décembre 2010 ; p.59).
Le dénouement, auquel on ne s'attend absolument pas, fait également la qualité de cette nouvelle.
30 petites pages savoureuses.
Une histoire de femme...
Je vous rappelle le principe du challenge proposé par George : "J’aimerais donc que, dans chacun de vos billets, vous valorisiez l’héroïne qui vous aura le plus intéressés, énervés, touchés, etc. Cela dans le but d’établir une sorte de panorama des héroïnes d’Edith Wharton et de, peut-être, faire émerger une réflexion plus large sur la place de la femme dans ses romans."
Vu la taille des nouvelles, je vais faire très bref en évoquant seulement Miss Mary Pask et en essayant de ne pas trahir la chute de l'intrigue. Je retiendrai son portrait car c'est elle qui m'a le plus marquée dans ces deux courtes histoires. Je l'ai trouvée terriblement sinistre, et seule. Cependant, le contexte insinue quelques doses d'humour qui produisent un effet détonnant !
En temps normal, Miss Pask serait sans aucun intérêt.
"Mary Pask ressemblait à des centaines d'autres vieilles filles mal fagotées, joyeuses laissées-pour-compte se contentant d'une vie faite d'innombrables petits substituts." (p.56).
Elle n'est pas très belle ni particulièrement intelligente. "J'avais un souvenir précis de la main de Mary Pask, car elle constituait vraiment une caricature du personnage : ronde, bouffie, rose et pourtant prématurément vieillie et inutile." (p.67). Elle rigole un peu bêtement au milieu de chacune de ses phrases : "Son rire éclata, tout à fait saugrenu." (p.70).
Et dans cette histoire surnaturelle, c'est aussi de solitude dont il est question. Car Miss Pask se sent "Seule, seule ! Si vous saviez à quel point je me sens seule ! Je vous ai menti en vous disant que cela m'était égal ! Voilà que vous venez, votre visage semble amical... et vous dites que vous allez me quitter ! Non, non, non... ce n'est pas vrai ! Ou alors, pourquoi êtes-vous venu ? C'est trop cruel..." (p.73). Une solitude née du mariage de sa soeur qui la laisse seule, à l'autre bout du monde, sans que l'on ne sache jamais vraiment pourquoi.
Et lorsque l'histoire se termine, elle finit par nous faire énormément de peine cette Miss Mary Pask. Après Mrs Leveret, il s'agit encore d'un portrait de femme un peu simple, seule mais finalement attachante.
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Une nouvelle lecture à inscrire aux challenges de George et de Opaline.