Le drame de Tchernobyl est resté dans toutes les mémoires comme la plus grande catastrophe nucléaire civile de tous les temps. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 8,9 suivi d'un gigantesque
tsunami anéantit la côte nord-est du Japon. La centrale de Fukushima, ébranlée dans ses fondements, devient alors une réelle menace pour l'ensemble de l'humanité.
À Kamaishi, petit village du Pacifique submergé par les eaux, terrassé par le séisme et mis en péril par le fléau nucléaire, Kiyoto n'est pas rentré au port. Commence alors pour Kaede, sa jeune
épouse, une longue et douloureuse attente. Entre espoir et découragement, elle va tenter de retrouver, dans les décombres de sa ville, les traces de son disparu. Jusqu'au jour où...
Un roman écrit comme un hommage au peuple japonais.
Ma lecture :
Pas sûre que mon choix ce serait porté sur ce titre, référence au film d'Alain Resnais "Hiroshima mon amour". Et pourtant, j'ai sauté sur ce partenariat entre Bibliofolie et la maison d'édition Terroir des Orris. C'est la couverture qui a
emporté ainsi mon adhésion. Emotion confirmée lorsque ce petit livre est arrivé en début de semaine dans ma boîte aux lettres : les couleurs de l'habit de la jeune femme sont éclatantes !
L'arrière-plan bleuté et l'esquisse de cerisier laissent présager de la poésie du texte. Je ne me lasse pas de regarder la couverture de ce livre.
J'ai bien vite ouvert le livre pour le feuilleter brièvement. Et là, surprise, une dédicace ! J'avoue avoir été très touchée par cette attention. A cet instant me direz-vous, difficile de
rester impartiale sur le contenu et l'écriture ... Certes.
Cependant, ma première impression fut décevante. Je ne retrouvais pas la poésie à laquelle je m'attendais. Les cerisiers étaient bien là en effet, mais ils étaient seuls. L'album de Taniguchi
que je venais juste de terminer laissait apparaître plus de cette poésie attribuée à l'art de vivre à la japonnaise. Et puis l'histoire est tellement contemporaine avec cette centrale nucléaire
au bord de l'explosion. Difficile de s'y retrouver. Peut-être était-il trop tôt pour écrire ce type d'ouvrage ?
Et pourtant, je ne sais à quel moment, j'ai commencé à éprouver la poésie de ce texte. Peut-être avec l'arrivée du personnage de Hideyo, "la
douce Hideyo, la gentille hideyo, la généreuse Hideyo". Petit-à-petit, je me suis laissée emporter par cette lente et douce mélopée. Même si l'heure est au drame, à la
tragédie, le rythme de Kaede reste lent, tout en mesure et en douceur. Un peu comme ces femmes entravées par leurs jupes et leurs petites chaussures qui marchent à petits pas.
Ce n'est pas seulement Kaede qui reste discrète, c'est tout Kamaishi. Ici, pas de cris, de hurlements ni d'expression bruyante de sa douleur. Tout n'est que souffrance contenue,
dignité et réserve. C'est cette douceur, cette sobriété qui sont la force de ce peuple tel qu'on nous le dépeint. Ce sont elles aussi qui apportent du poids à ce texte. La
pensée de Kaede garde le même rythme du début à la fin de ce petit livre, un peu comme une mélodie lancinante. Une musique qui finit par nous entrer dans la tête et dont il est difficile de se
défaire. Une musique qui parvient à son but : laisser une trace.
Finalement, comme indiqué en 4ème de couverture, nous sommes ici plus face à un hommage qu'à un roman. Si l'histoire est un support, elle n'est pas une finalité. Ce n'est pas
vraiment elle qui nous touche (même si ...), mais plutôt les Hommes, l'atmosphère, la poésie ...
Extraits :
"En chemin, je croisai des rangées interminables de vieillards et de jeunes femmes, couverts de bâches métallisées destinées à les protéger du
froid. Ils se rendaient au camp de réfugiés installé dans les hauteurs de Kamaishi. Des hommes tentaient de retrouver, dans les tas de détritus entreposés le long des rues, des objets de leur
quotidien, encore en état. C'était un peuple abattu. C'était un peuple fatigué, brisé, anéanti par le malheur, qui déambulait entre les maisons détruites de notre Kamaishi. C'était un peuple de
mendiants qui, par fierté, ne tendait pas la main, un peuple terrassé par l'incompréhension. C'était un peuple courageux et fier !" (Fukushima mon amour - Gérard Raynal - TDO éditions -
juin 2011 - page 50)
"J'aimais tous ces habitants qui s'activaient sans relâche à redonner à leur ville adorée un aspect convenable. Les traits étaient tirés, les
épaules affaissées, mais on sentait chez chacun des rescapés une farouche volonté de redémarrer. Je les aimais Kiyoto, [...]" (Fukushima mon amour - Gérard Raynal - TDO éditions - juin
2011 - page 55)
Cet ouvrage a été lu dans le cadre d'un partenariat organisé par

que je remercie.