Présentation de l'éditeur :
"Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même." Après le temps des Confessions vient celui des Rêveries, où Jean-Jacques retrouve la plénitude de soi et engage par l'écriture une réflexion sur l'introspection et les limites de la reconstitution du passé.
Ma lecture :
Voici donc mon premier billet dans le cadre du challenge que je vous propose : 300 ans - Jean-Jacques Rousseau.
Ne souhaitant pas renouer avec cet auteur par Les Confessions, dont j'avais lu et apprécié le premier Tome il y a quelques années, au lycée, mon choix s'est porté sur Les rêveries. Cet ouvrage est le dernier de la bibliographie de Jean-Jacques Rousseau, écrit durant les deux dernières années de sa vie. Et pour être honnête... j'ai failli abandonner dès les premières pages. Les trois premières promenades me sont apparues comme une autobiographie gonflée d'orgueil. Quelle prétention ! A croire que l'univers littéraire tournait autour de Monsieur Rousseau et que sa grande sagesse n'a été comprise de personne. Et surtout pas de ses amis.
"Tandis que, tranquille dans mon innocence, je n'imaginais qu'estime et bienveillance pour moi parmi les hommes ; tandis que mon coeur ouvert et confiant s'épanchait avec des amis et des frères, les traîtres m'enlaçaient en silence de rets forgés au fond des enfers." (Les rêveries du promeneur solitaire - Jean-Jacques Rousseau, éditions Flammarion, pages 67-68).
Durant ces trois premières promenades, Jean-Jacques Rousseau apparaît ccomme un pauvre être doté de toute la bonté disponible sur cette terre, persécuté par le monde de la littérature.
Les rêveries sont pour JJ Rousseau un journal, qui n'est pas destiné à être publié. Il se parle à lui-même, isolé dans ce monde.
Puis, la quatrième promenade apporte une réflexion distanciée de l'auteur lui-même. Certes, on tourne toujours autour de son histoire, de sa vie et de ses rencontres. Mais Rousseau prend ici de la distance pour offrir une réflexion sur le mensonge.
"Je me souviens d'avoir lu dans un livre de philosophie que mentir c'est cacher une vérité que l'on doit manifester. Il suit bien de cette définition que taire une vérité qu'on n'est pas obligé de dire n'est pas mentir ; mais celui qui non content en pareil cas de ne pas dire la vérité dit le contraire, ment-il alors, ou ne ment-il pas ? Selon la définition, l'on ne saurait dire qu'il ment." (Les rêveries du promeneur solitaire - Jean-Jacques Rousseau, éditions Flammarion, pages 76-77).
L'Ile Saint-Pierre - Lac de Bienne
Dans la cinquième promenade, Rousseau nous conduit sur les rives du lac de Bienne. Il se souvient avec nostalgie des quelques semaines passées, isolé, sur l'île Saint-Pierre, au milieu du lac.
"De toutes les habitations oùj'ao demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne" (Les rêveries du promeneur solitaire - Jean-Jacques Rousseau, éditions Flammarion, page 94).
Dans les promenades suivantes, Jean-Jacques Rousseau parle de liberté, de botanique, d'amitié, d'altruisme...
La dixième promenade restera inachevée. Jean-Jacques Rousseau revient sur sa rencontre avec Mme de Warens.
"Il n'y a pas de jour où je ne me rappelle avec joie et attendrissement cet unique et court temps de ma vie où je fus moi pleinement, sans mélange et sans obstacle, et où je puis véritablement dire avoir vécu." (Les rêveries du promeneur solitaire - Jean-Jacques Rousseau, éditions Flammarion, page 170).
Si les premières pages m'ont lassée, j'ai retrouvé dès la quatrième période l'impression que m'avaient laissé Les Confessions : la force du rapport de l'auteur à la nature, les moments de contemplation, la paix qui se dégage de chacune de ces pages ... Je n'avais pas souvenir d'une présence si forte du caractère quelque peu paranoïaque de l'auteur. Mais je garde cette impression d'une présentation très nombriliste de la réalité des choses.
Finalement, j'ai apprécié cette lecture pour l'atmosphère paisible et sereine qui s'en dégage. A la fin de sa vie, on rencontre un Jean-Jacques Rousseau qui semble avoir fait la paix avec lui-même et avec le sort que les autres lui ont réservé. Et, ce n'est pas le moindre, l'écriture et la langue employée sont savoureuses. Rappelons que ce texte a été écrit entre 1776 et 1778.
Une première lecture aux côtés de Jean-Jacques Rousseau, qui, si l'on persévère un tant soit peu, est très agréable.
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Voici donc mon premier billet d'une lecture réalisée dans le cadre du rendez-vous que je vous propose à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.
Pour découvrir les billets des autres participants, je vous invite à consulter le billet de présentation du challenge. Et je compte sur vous pour notre prochaine lecture : le 28 juillet prochain.