Présentation de l'éditeur :
Dans cette chambre aux rideaux cramoisis, des jeunes femmes livrent leur corps à la contemplation. Auprès des ces "Belles Endormies", intouchées et intouchables, des hommes déjà vieux viennent trouver une illusoire consolation à leur jeunesse enfuie. C'est avant tout la curiosité qui pousse Eguchi à franchir le seuil de cette maison singulière, mais il ne percera aucun de ses mystères. Lui qui pourtant ne ressemble pas aux "clients de tout repos" qui fréquentent la maison, il se pliera comme eux à ses règles étranges. Peu à peu, le vieil Eguchi se prend au jeu et chaque fois c'est aux côtés des ces corps de nymphes qu'il refait le voyage de sa vie. Sans tristesse ni nostalgie, il reverra en rêve les passantes d'une nuit, ses maîtresses, ses filles, sa mère, les femmes de sa vie.
Dans ce huis clos touchant, l'auteur évoque la lucidité d'un homme face à sa solitude et distille au fil des pages un érotisme tout en pudeur et en tendresse. L'une des plus belles oeuvres de Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature 1968.
Poésie étrange :
Ce livre nous laisse suspendu, entre impressions étranges : ce qu'on ressent d'abord c'est la poésie des descriptions de ces corps adolescents, des souvenirs du vieil homme et des paysages fleuris chers à l'imaginaire japonnais. Mais le malaise qui se dégage de ce petit ouvrage est aussi palpable : cette proximité du corps décrépi du vieil Eguchi et des corps vierges et purs des jeunes filles. Le fait qu'elles soient aussi inconscientes de ce qui ce déroule autour d'elles et des pensées du vieillard conforte ce sentiment de gêne. La poésie et ce sentiment d'inconfort sont équilibrés dans cet ouvrage d'un style dépouillé. Le roman reste cependant très digne. A découvrir.