Présentation de l'éditeur :
Contrainte d'abandonner ses études supérieures, Catherine Lorriot a accepté un poste d'institutrice près de Paris. Cette fille de paysans bourguignons se réjouit de vivre près du " peuple ". Mais bien des déconvenues l'attendent dans cette banlieue du début des années soixante. Ces " blousons noirs " de dix à quatorze ans qui jurent, chapardent, perturbent la classe, ne lui témoignent aucun respect, sont-ils du même " peuple " qu'elle ? Il lui faudra faire un grand effort pour comprendre ces gamins livrés à eux-mêmes et pris aux pièges de la société de consommation à sa naissance... Dans ce roman paru en 1962, l'auteur de La Billebaude et de Rempart de la Miséricorde analyse avec lucidité et drôlerie des problèmes d'une surprenante actualité.
Ma lecture :
Les premières pages de l'ouvrage sont intéressantes : nous nous plaçons du point de vue d'une jeune institutrice venue de sa campagne enseigner aux enfants "du peuple". Et nous découvrons ce qui pourrait être un récit actuel, la vie dans une classe primaire de "banlieue" où la violence fait partie du quotidien. Le point de vue de l'auteur nénmoins date le roman (début des années soixante) et l'on assiste à une véritable leçon moralisatrice sur la place de la femme dans le foyer (qui doit être à la maison et non à poursuivre ses rêves de carrière), sur la sage philosophie des ruraux au regard des illusions des urbains, et surtout celles des ouvriers ... qui seraient quand même bien plus heureux à la campagne !
Le message que l'auteur cherche à faire passer est toutefois très intéressant : à quoi sert-il de s'éreinter au travail tout en délaissant enfants et famille si ce n'est QUE pour pouvoir consommer et acheter voiture, poste radio et frigidaire ! Il est vrai que cette question est toujours d'actualité. Certainement, ne serions-nous pas plus malheureux en nous contentant de moins et en profitant pleinement du quotidien et de ceux qui nous entourent.
Il reste que l'auteur laisse transparaître un point de vue réactionnaire sur la société de son temps, à la fois raciste et mysogine.
C'est d'ailleurs cette seconde lecture qui m'a surtout intéressée, à savoir les opinions que l'auteur laissait paraître et sa vision de la société au début d'une ère de consommation frénétique. Plus que l'histoire de l'institutrice en elle-même car on tourne vite en rond : on assiste finalement à succession de préjugés sur les enfants d'ouvriers, ceux de parents tout juste immigrés en France, sur les femmes (la traditionnelle opposition entre la sainte mère de famille et la "salope" qui abandonne son mari et ses enfants pour aller travailler), sur la religion (avec le personnage du prêtre ouvrier) ...
Ce livre est à lire pour le regard porté par l'auteur sur la société de son temps (plus que pour l'histoire elle-même).